dsc00355May, c’est un petit bout de femme de l’ethnie Hmong! Pas plus d’un mètre soixante, mais costaud et dynamique, rien d’une petite chose fragile! Depuis longtemps déjà, elle vient chaque jour au village de Sapa pour vendre des vêtements et accessoires qu’elle confectionne, chez elle, à plus de deux heures de marche. Ce n’est que depuis peu, qu’elle propose à certains touristes de les emmener à travers les montagnes, les bois et les rizières, jusqu’à son village, jusque chez elle. Une balade pour découvrir sa vie, sa culture contre quelques billets. Rien pour nous, beaucoup pour elle.

Et voici la famille sac à dos lancée dans l’aventure. Nous partirons un peu après 9h, pour une balade qui devient vite une randonnée ardue, mais qui fait la joie des enfants et qui rappelle agréablement les trecks des grands. En chemin nous apprenons à nous connaitre avec May. Nous somme étonnés qu’elle s’exprime aussi bien en anglais alors qu’elle n’a jamais été à l’école, mais elle nous explique que c’est en discutant avec les touristes qu’elle apprend, et effectivement, elle mémorise vite et surtout, chaque discussion est prétexte à questions, elle est curieuse de tout, discute de tout avec sourire et sans complexe… elle est cultivée, elle a des principes, des rêves… elle est loin de l’image de la pauvre villageoise inculte perdu au fin fond du monde… elle nous inspire vraiment le respect et c’est un réel plaisir de discuter de nos vies respectives avec elle. Tout en marchant, elle discute avec les dsc00367grands, joue avec les enfants et nous confectionne de petit souvenirs avec des herbes, des branches et quelques fils qu’elle tire de son vêtement. En vrai guide confirmée, elle nous fait admirer certains points de vu qu’ont semblé apprécier ses autres « amis », et elle propose même de prendre la pause avec nous pour une photo… Elle nous fait rire, il n’y a rien de factice en elle, nous avons passé un « deal » mais on sent qu’elle prend un réel plaisir à partager ce moment avec nous, nous apprécions l’authenticité de cette rencontre.

Nous mettrons 4h pour arriver au village. A nos demandes du temps qui reste, elle se moque gentiment de nous en répondant « 15mn, mais avec vous, si vous continuez de parler et de marcher aussi lentement, peut être 1 heure! »… c’est qu’elle a de l’humour la petite dame :)

C’est un moment d’exception, un cadeau précieux offert par May que cette pause déjeuner, dans un autre monde, une autre dsc_0235époque. Une petite cabane modeste de planches ajourées au sol en terre battue. Pas plus de 10 m2 meublé de 2 paillasses en bambou servant de lit et d’étagère pour les vêtement enfermé dans des sacs plastiques, le bois de chauffage rangé dessous, l’âtre du feu creusé dans la terre entre les deux, les épis de maïs séchant au dessus…. dans l’entrée, une étagère unique pour quelques pots, casseroles et vaisselle,  3 petits bancs de bois brut et une table basse d’où on enlève les deux gros sacs de riz pour prendre notre repas. Des nouilles sautées au choux, du riz et des épinards avec de l’eau de vie locale : l’alcool de riz pour célébrer notre venue… C’est un repas de fête. A croire que ce sont ceux qui ont le moins qui donnent le plus. May est tellement fière de nous présenter sa famille : son mari et ses 3 petits garçons. Quel étonnement de vivre ce moment de complicité avec son mari et l’oncle de ce dernier qui, même s’ils ne parlent pas un mots d’anglais on su se faire comprendre… surtout pour trinquer « tchica tchica » (hips). Pas de barière de langue pendant ce déjeuner de fête, si généreusement offert, et nous rions tous sincèrement de bon coeur…May nous racontes que son mari à perdu ses parents alors qu’il était très jeune, il a été élevé par son oncle et sa tante, elle nous fait comprendre que c’est la raison pour laquelle il est pauvre et que leur maison est petite. Mais elle est fière de nous dire que c’est lui qui l’a construite, et qu’il a dû monter haut et loin dans la montagne pour aller chercher le bon bois. Elle est tellement fière de sa famille. Après le déjeuner, quelques photos et encore quelques mots, 16h, nous partons. Nous rejoignons en un quart d’heure un village proche de la route où May négocie pour nous 2 scooters pour rentrer à Sapa.

Nous sommes triste de quitter May, de savoir que nous ne la reverrons pas, nous avons passé si peu de temps ensemble mais dsc_0245s’était si fort… Elle nous touche en retenant fièrement ses larmes avec un « I miss you » désarmant… nous étions loin de prévoir une aussi belle rencontre. Loin de penser que quelques heures suffiraient à ce petit bout de femme de caractère pour nous adopter, et que la réciproque serait unanime. Quelle rencontre exceptionnelle, il est difficile de trouver les mots pour décrire notre émotion, cette femme d’affaire d’un autre temps nous a touché par sa fragilité mais aussi par sa force, sa volonté d’offrir un avenir à ses enfants, et de faire le choix d’en avoir seulement 3 pour ça, quitte à faire lit à part avec monsieur. A-t-il vraiment son mot à dire? Tout sourire, il n’en reste pas moins le second de May, c’est l’image qu’il nous donne, elle commande gentiment, mais fermement. Quelle femme!

Le retour est assez impressionnant…mais aussi un peu grisant :) … à 3 sur nos motos, Frédo avec Rachel, Lucas avec moi et nos chauffeurs serpentant sur la route à flanc de montagne… Une demi heure pour rallier Sapa.

Nous sommes épuisés et crasseux mais vraiment heureux de notre exceptionnelle journée.