Jeudi 9 Septembre

Nous regardons le taxi de nos amis s’enfoncer dans la circulation de la ville, agitant frénétiquement les bras jusqu’à ce qu’ils aient totalement disparu, encore émus par les larmes de Faustine, notre bout-de-chou de 3 ans et demi, pour laquelle la séparation est à l’évidence la plus difficile : en 6 semaines, elle a pris ses repères dans notre grande famille de 8!

Mais nous sommes sûr que notre chipie se consolera vite, et savons que nous nous retrouvons tous dans seulement 1 mois.

Laissant Lucas et Rachel à leurs leçons et jeux, les Freds partent en balade dans La Paz. Réparation des chaussures de Frédo en quelques minutes par un cordonnier ambulant, achat d’un hamac, courses pour les déjeuners et diners dans un supermarché, ainsi que la découverte d’une partie de la ville beaucoup plus moderne, aérée, agréable, autour de la Plazza de los Estudiantes…nous occuperons jusqu’en début d’après-midi. Le reste de la journée passera, entre détente et intendance, il faut refaire les sacs, demain, départ pour notre dernière étape en Bolivie : le Salar d’Uyuni.

Vendredi 10 Septembre

Levé 7h, sacs, petit déjeuner, synchronisation des mails (ça fait un peu science fiction là, non?), des remerciements à Ruben, notre hôte si chaleureux, puis départ pour une journée de route!

4 heures de bus pour ORURO, puis le double en train pour UYUNI, heureusement, nous sommes bien installés, circulant au milieu de magnifiques paysages qui nous offrent déserts, marécages, lacs, des animaux, des oiseaux, et nos premiers flamants roses, alors que le soleils se couche!

Notre arrivée dans la ville d’Uyuni sera bien moins enthousiasmante : désolée, sa grande avenue poussiéreuse déserte, pas un taxi en vu, c’est à pied que nous rejoindrons notre hôtel, guidés par quelques rares promeneurs nocturnes, avançant à la lumière blafarde des quelques réverbères… Heureusement, notre hôtel vaut le prix élevé qu’il nous coutera : propre, confortable et agréable, il sauve notre appréciation du coin.

Samedi 11 Septembre

Nous passerons principalement notre journée à l’hôtel, il faut dire que la ville n’a aucun charme, si ce n’est à la rigueur son aspect désolé, comme une ville fantôme, avec ses « sorcières » de poussière qui passent dans la rue! Nous ne sortirons que pour manger, observant tout de même que la ville semble reprendre un peu de couleur en fin de journée, avec quelques ouvertures de boutiques et des touristes dans les rues et à quelques terrasses de restaurants. Frédo passera beaucoup de temps dans un cyber café, pour la suite du voyage et préparer notre tour dans le Salar, jusqu’au Chili : pas une mince affaire de faire un choix, de faire confiance, d’établir le juste prix. Nous opterons finalement pour le moins chers, après quelques appréciations positives lues sur le net, en espérant ne pas avoir à en souffrir…3 jours, ça peur être très très long.

Dimanche 12 Septembre

9h30, on embarque dans notre 4×4 qui a vécu mais qui est confortable et relativement propre, avec Nesto, notre chauffeur, qui a bien vécu aussi, mais à l’air sympathique!

A peine sorti de la ville que nous faisons déjà notre première pause, pour la grande joie des enfants, et la nôtre aussi il faut l’avouer, auprès d’une bonne vingtaine de vieilles locomotives à vapeur et wagons, abandonnés prés de la voie ferrée du Chili, en plein désert. Après une bonne demie heure dans les vieilles machines, usées par le temps et par le sable, nous reprenons la route…vers la ville!?!

Retour à l’agence, où toute une équipe remplie notre voiture de victuailles, pendant que Nesto amarre sur le toit une bouteille de gaz et que Betty monte en voiture et se présente à nous : notre cuisinière!

A peine quelques minutes plus tard, nous sommes à nouveau sur la route, enfin, pas de bitume ici, une simple piste qui part vers l’horizon aride.

Après à peine une heure, nous arrivons à la plus vaste réserve de sel du monde : LE SALAR D’UYUNI. Plus de 12000 km² d’un blanc aveuglant, fouetté par un vent glacial à 3600 mètres d’altitude, avec au loin, d’énormes rochers, des îles, qui paraissent léviter, flotter au dessus de l’océan blanc, dans les vapeurs des mirages : un paysage unique, impressionnant.

Nous nous arrêterons quelque temps après pour déjeuner à LA ISLA ICAWASI, une île de roche volcanique, parsemée de cactus, un ensemble détonnant, proche d’un paysage de science fiction, lunaire!

Nous goûtons pour la première fois la cuisine de Betty, un régal! Installés autour d’une table de sel, recouverte d’une nappe satinée, assis sur des blocs de pierre, nous dégustons crudités, steak de???, pommes de terre sautées, légumes savamment préparés, et fruits, le tout arrosé de coca-cola, presque meilleur qu’à la maison!!! Puis pour digérer, une petite balade sur le gros rocher, pendant près d’une heure et demi. Nous sortons vite du sentier pour nous perdre sur les rocs acérés, surplombés par les cactus géants, l’air si doux mais aux épines bien dangereuse. Les enfants feront leurs sculptures de pierre pour la postérité, puis nous irons marcher sur les écailles blanches du salar qui se profile à l’infini. Enchantés de notre pause, nous reprenons la route, traçant notre voie dans le désert blanc. L’immensité salée laissera ensuite place à un désert de terre, de plantes pétrifiés dans la poussière, de rochers et de montagne volcanique, frontière naturelle du Chili! Nous nous enfonçons dans cette immensité rude, isolée, à l’horizon brouillée par une tempête de sable, jusqu’au petit village de San Juan : un petit amas de maisons en Adobe, qui se confondent dans le paysage. Un coup de Klaxons, la grille d’une petite cours s’ouvre…hou là là, nous voilà arrivé à notre chambre pour la nuit!

Ce soir, on gagne une étoile dans notre aventure! Frédo comparera notre chambre « chez l’habitant » à la cabane à outils de son grand père!!! Aller, n’exagérons pas : « y a pas de bêtes », les murs du petit réduit sont recouvert de sel, au moins, ça fait…propre, par terre, du gravier de sel, et pour les lits, bah, ils sont petits et un peu défoncés, mais couchés dans nos duvets, mis dans les duvets « grands froids » loués, on sera pas trop mal et pis il n’y aura pas de puces comme ça, moui, moui, moui…vivement demain matin!

En attendant l’heure du diner, nous partons en balade autour du petit village, dans le vent glacé, riant de notre « infortune », s’amusant avec des lamas, un chien errant et nos ombres… Non, on ne se trouve pas pitoyables, nous nageons aux limites extrêmes de notre aventure, loin de tout confort c’est vrai, mais dans un endroit préservé du tourisme ça c’est sûr, un endroit authentique, loin de notre vie d’occidentale, et, si je convient qu’il ne faudrait pas que ça dure trop longtemps, on se régal!

Notre diner sera à la hauteur de nos espérances : soupe bien chaude, viande, légumes, gâteaux, fruits au sirop, café, mate de coca… Quant à la nuit, elle ne sera pas si mauvaise : nous seront un peu gêné d’être serrés dans nos duvets mais nous ne souffrirons pas du froid, alors que la température la nuit passe la barre du 0. Les enfants, étonnants, se satisfont vraiment de tout ce qui se présente à eux, dormant dans n’importe quelles conditions, Frédo s’adapte assez facilement aussi, pour ma part, je reste plus exigeante, et il faut avouer que glisser mon mètre 83 dans le lit, même en diagonal ça tenant pas, alors j’ai fait dépasser!

Lundi 13 Septembre

7h15, réveil! Heu de toute façon on comptait pas faire une grasse mât. Hou là, il fait froid. On a du mal à sortir de la chaleur de nos duvets, la température dans la chambre doit avoisiner les 0, dehors, même le soleil levant ne nous réchauffe pas! On a même pas l’idée de faire notre toilette, lavage de dent, ce sera bien jusqu’à ce soir… Ce soir…qu’est ce qui nous attend ce soir :)

Petit déjeuner avec les gants, excellent, tout y est : café, chocolat, pain, beurre, confiture, fruit, yaourt, jus d’orange…on se demande pourquoi on paye si chers parfois, oups, j’oubliais le confort!

8h, frigorifiés, nous montons en voiture et poursuivons notre route à travers les hauts plateaux de l’Altiplano bolivien. La route sera longue aujourd’hui, alors nous prenons nos aises et commençons par…finir notre nuit! Betty dort aussi, seul Nesto reste vigilant, traçant son chemin dans le désert. Plus tard, nous sortons de notre torpeur, alors que le soleil monte dans le ciel, nous entamons notre journée de découverte, multipliant les arrêts auprès des splendeurs minérales et géothermiques de la région, véritables trésors de la nature, inespérés dans ce désert aride. Le salar de Salt lake Chiguana, le volcan fumant de Ollague, la succession des Lagunas Canapa, Hedionda, Chiarkota et Honda, leur étendue d’eau verglacé, où se reflète le soleil et le bleu intense du ciel, lagunas prises d’assaut par les magnifiques flamants roses, pelotonnés les uns contre les autres pour se réchauffer dans le matin glacé, puis, s’ébrouant, allant picorer quelques algues dans le fond de l’eau, s’envolant, glissant au dessus de l’eau dans un spectacle enchanteur, si frais dans le désert de poussière.

L’atmosphère se réchauffe, le soleil est déjà haut dans le ciel quand nous nous arrêtons déjeuner, au pied d’immenses rochers, à l’abris des assauts du vent glacé et de la brûlure du soleil! Pendant que Betty s’active, nous escaladons les rochers pour admirer la vue et surprendre quelques lapins : étonnante rencontre, en plein milieu du désert!

Aprés une trés agréable pause déjeuner, plaisantant gaiement avec Nesto et Betty, nous poursuivons notre route à travers le désert dont nous ne nous lassons pas, quelques pauses photo ponctuent notre chemin, dont une au célèbre arbre de pierre : Arbol De Piedra, puis au milieu de l’après-midi nous nous arrêtons auprès d’un ensemble de construction en Adobe… Réjouissons-nous, notre logement sera un cran au dessus pour ce soir, un bon cran même! Une fois calfeutrée notre fenêtre fendue, secoués les draps poussiéreux pour envelopper les matelas, isolés du lit en pierre par un carton (oui, ça n’est pas sans rappeler les astuces des sans abris), installées nos deux couches de duvet sous les couvertures relativement propres, inspecté que notre plafond en paille (pour nous isole du froid du toit en tôle) ne grouille pas de bestiole, et bien, l’ensemble est presque cosy! Laissant les enfants dans la grande salle, réchauffée par un feu dans un poële ingénieusement bricolé par notre jeune hôtesse, nous partons en balade au alentours, rien d’original : des chiens errants, des lamas, des pierres, du sable, des collines, des montagnes au sommet enneigé, l’Altiplano et son plateau désertique, entre Bolivie et Chili…si loin de tout, un paradis aride.

Après un délicieux diner auprès d’une agréable flambée, un p’tit film bien mérité, à 22h, tout le monde dort…

Mardi 14 Septembre

4h30, le téléphone sonne, non, ce n’est pas un appel, on n’en a plus depuis bien longtemps, mais c’est le réveil, dans 1 heure on reprend la route!

Si le froid nous a épargné pendant la nuit, bien emmitouflés dans nos bonnets, caleçons, t-shirt manches longues, doubles duvets et couvertures, sortir dans la fraicheur avoisinant 0° de notre chambre pour se glisser dans nos vêtements glacés est une épreuve très difficile, on glisse leurs vêtements dans les duvets des enfants pour les réchauffer pendant que nous nous habillons et fermons nos sacs en sautillant…arg… De tout le voyage nous n’aurons jamais eu aussi froid.

Après un petit déjeuner qui nous réchauffera un peu et un gâteau en forme de cœur confectionné par notre Betty très attentionnée, nous grimpons en voiture, toujours emmitouflés dans nos duvets.

Nous démarrons dans la nuit noire, puis, filons à travers l’Altiplano alors que rapidement le ciel s’éclaire des lumières de l’aube, les étoiles s’éteignent, le ciel prend des couleurs orangées, le soleil se lève sur notre désert, sa brume et ses poussières, un moment simple comme n’importe quel levé de soleil, magique, d’une extrême beauté.

Nesto nous arrête admirer les geysers de Magnana et les Flamants roses dans les brumes matinales des Aqua-thermales, entre le chaud et le froid, sous le soleil levant, le spectacle est saisissant!

Puis en fin de matinée, nous finissons notre course sur les hauts plateaux de l’Altiplano bolivien, fin du chemin prés d’une cabane en pierre isolée dans le désert, à quelques mètres d’une barrière en fer, relevée : le poste frontière.

Heureux de notre aventure en contrée hostile, aussi dure que magnifique, étonnés de notre émerveillement sincère après 8 mois de voyage, nous quittons à regret nos compagnons Nesto et Betty, qui repartent vers l’horizon désertique, alors que nous attendons notre bus pour entrer au Chili.