Samedi 18 Septembre
Aujourd’hui, une journée de trajet au programme et notre Lucas n’est pas bien. Le mal de dent qu’il traine depuis 2 jours s’est transformé en infection, du coup inflammation des glandes sous la langue, la joue et la gorge enflée, difficulté à ouvrir la bouche et à manger, fatigué par deux mauvaises nuits…non, c’est pas la forme pour notre petit garçon, et nous sommes soucieux de l’embarquer dans une succession de bus et de vols.
8h45, bus pour Calama pendant une heure. Attente et déjeuner à l’aéroport, sauf pour Lucas, à qui nous confectionnons des compresses d’eau fraiche avec un foulard pour tenter de le soulager
13h30, 3h de vol pour Santiago, la capitale du Chili. Attente et plaisir d’un café au Starbuck. Lucas ne va pas mieux, mais pas plus mal et il reprend des couleurs.
18h40, vol pour Puerto monte, 2 heures.
20mn de taxi avec un sympathique chauffeur, très volubile, qui vante les mérites de sa région à un Frédo très attentif. Il fait nuit, mais nous apercevons le paysage d’un autre Chili, humide, vert et urbain.
21h30, arrivée à notre hôtel Costa Del Mare : une chambre clean, avec chauffage, des lits confortables, une eau courante potable et un débit Internet « de folie » dixit Frédo…oui, nous sommes dans un autre Chili!
Dimanche 19 Septembre
Levé 9h, presque une grasse mât, après une bonne nuit. Quel plaisir de se glisser dans un lit sans vérifier la propreté des draps! Notre premier regard du matin est pour Lucas, il est encore plus enflé que la veille, mais est moins gêné. Pfff, et il faut qu’on reprenne la route!
10h40, bien installés dans notre bus Cruz Del Sur, nous partons pour 3h30 de voyage sous une pluie fine. Après la banlieue terne de la ville, ses maisons en béton, au crépis défraîchi et noirci, en bois usé et au toit de tôle abimé, nous traversons un paysage vallonné, verdoyant, où des arbres de toutes sortes se mêlent aux haies épaisses, seule touche colorée dans ce patchwork de vert : le jaune des genets omniprésents…Ça sent bon notre Bretagne ici…
Dans la campagne, quelques maisons cossues, d’architecture bois, se partagent la place avec quelques fermes et habitations désolées, les jardins encombrés de carcasses et déchets hétéroclites. Pourtant, l’impression générale nous donne un autre visage de l’Amérique latine, une image moins folklorique, plus riche et plus moderne, plus proche de chez nous…ne serait-ce que par la profusion de voiture Peugeot et Renault (le pays comptant plusieurs usines des 2 constructeurs).
14h. Nous arrivons à Castro, la ville principale de l’île de CHILOÉ où nous allons passer 5 jours. La première impression nous inquiète : tout est sombre, il pleut, personne dans les rues…l’aspect de la ville est sinistre! Cependant, pour notre plus grande joie, notre hôtel est, lui, un petit joyau. A peine un coup d’oeil, nous le savons, nous allons bien cocooner ici. Le PALAFITO* est une maison tout en bois, dont les pilotis sont plantés en bordure d’un bras de mer qui s’enfonce dans les terres. A l’intérieur, la décoration sobre et chaleureuse, au couleur crème et chocolat, rappelle les photos des magasines de déco. Idem pour notre chambre, sol et mur en bois, lits aux couettes moelleuses, salle de bain moderne… L’endroit est en passe d’être le mieux noté depuis notre départ, une perle.
Mais à peine le temps de s’émerveiller, Frédo file à l’hôpital avec notre fils : l’état de Lucas nous inquiète. Ils reviendrons 2 heures plus tard avec un diagnostic non alarmant d’infection, des antibiotiques et anti-inflammatoire pour 5 jours, ainsi que de quoi nous préparer un bon déjeuner-diner. Tout le monde s’installe dans le séjour cosy, les enfants devant l’échiquier, faisant s’affronter Espagnols et Incas en bois, Frédo devant le large poêle qui chauffe toute la maison, et moi, je m’active dans la cuisine américaine. Vu sur la marée qui monte, avec en face, sur la berge, quelques barques et un chalutier en bois, échoués dans la vase, un bateau rouillé où s’active un ouvrier avec son arc à souder et derrière, la ville qui s’étend sur la pente abrupte d’une colline… Les Lumières commencent à s’allumer, le soleil se couche, offrant sa magnifique couleur orangée au tableau, une musique douce berce notre repas dans ce cadre apaisant…oui, on est bien ici.
Lundi 20 Septembre
Après un petit déjeuner gargantuesque (compris dans l’hébergement) et avoir pris notre temps pour nous détendre toute la matinée dans notre agréable « chez nous », à midi, nous décidons de découvrir la ville tous les 4. Malheureusement, Castro reste endormie, tout est fermé, c’est férié! Nous trouvons la ville triste, mais ne nous décourageons pas, nous poussons la porte d’un restaurant indiqué dans notre guide, de l’extérieur, il semble fermé…mais une fois entrés, l’effervescence nous rassure, on nous installe, vu sur la baie et les collines vertes environnantes, les nuages s’espacent pour laisser rayonner le soleil, nous avons enfin une meilleure image de la ville. Puis rapidement on nous sert la spécialité de l’île : un mélange de coques, moules, saucisses fumées et pommes de terre, une composition aussi succulente qu’étonnante. On prendra le temps d’aller jusqu’au bout de nos trop copieuses assiettes…un effort pas trop couteux tout de même! Puis, pour digérer, nous nous baladerons au bord de l’eau, jusqu’au marché artisanal de la ville, puis, après un petit tour et une étole en laine, nous repartons vers notre hôtel à travers la ville, qui semble reprendre un peu vie dans la chaleur de l’après-midi. Nous passerons la fin de la journée devant un chocolat chaud, en compagnie de Rosario, notre agréable hôtesse de l’AM, trop heureuse de pratiquer son excellent français, elle prendra le temps de nous raconter l’histoire et la vie argentine et principalement celle de l’île. Un très agréable et enrichissant moment, où elle nous parlera de la double crise qui a durement touché Chiloé il y a un an : la crise économique mondiale ainsi qu’une maladie qui a terrassé les saumons, principale ressource économique de l’île. Heureusement, la propagation de la maladie a été enrayée, et les fermes piscicoles comme l’industrie du saumon se relèvent, mais beaucoup de mal a été fait… Puis tel un guide confirmé, elle nous parle avec tendresse de son île d’adoption, même si elle reconnait que son climat maussade n’est pas toujours engageant, et elle nous conseil pour nos prochaines balades comprenant d’instinct nos goûts et nos envies…une femme douce, souriante, vraiment attachante.
Mardi 21 Septembre
Une journée qui ressemble à un dimanche. Nous laissons les enfants travailler et jouer, et nous accordons une balade en amoureux dans la ville. Nous nous renseignons pour louer une voiture demain, faisons quelques courses pour nos repas à l’hôtel, trainons devant quelques boutiques et jolies vues, puis rentrons retrouver nos enfants, sages comme des images! Le reste de la journée s’étirera longuement entre film, lecture, préparation de l’Afrique, écriture du blog…réchauffés par le feu et le soleil à travers les baies vitrées…seuls occupants de l’hôtel (la saison touristique ne commence qu’en Octobre dans la région)…on se sent agréablement « chez nous » ici!
Mercredi 22 Septembre
Nous nous éternisons au lit et manquons presque notre petit déjeuner, servit seulement jusqu’à 10h… Oui, on fainéante!
Frédo va chercher la voiture de location pendant que le reste de la famille se prépare, puis nous partons en direction du PARC DE CHILOÉ. Rien que notre trajet en voiture nous enchante, évoluants sur la route qui serpente entre les collines couvertes de prairies, de bois, de fermes et de petits villages, vue sur la mer, les criques de l’archipel et les autres îles un peu plus loin, nous sommes conquis par la beauté verdoyante de l’île. Après un rapide pique-nique à l’entrée du Parc nous partons en balade sur un petit sentier à travers les bois. Au bout d’un moment, nous arrivons à un tout autre paysage, un mélange de dunes de sable et de prairies, de mares et d’étangs, avec la mer au loin. Nous avançons dans ce paysage aux airs de Camargue, évoluant parmi les chevaux et les vaches peu farouches…seuls dans ce paysage qui s’étend à perte de vue… Nous atteindrons la mer après avoir fait quelques détours pour éviter les marécages… Puis nous nous installons longuement sur la plage, fouettée par un vent furieux, face à la mer d’un bleu sombre intense, qui se déchaine en rouleaux bruyants… Une fois de plus, le spectacle de la mer nous hypnotise. Nous resterons longtemps ici, les enfants courant sur la plage, jouant avec le vent et les coquillages, les grands fascinés par le spectacle de l’océan, laissant vagabonder leurs pensées.
Nous rentrons en fin de journée nous détendre dans notre Palafito,  et nous faisons nos au-revoir à Rosario qui nous offre généreusement son drapeau chilien, sachant que nous n’en avions pas trouvé, les magasins ayant été dévalisés pour les fêtes du bicentenaire, une attention pleine de tendresse qui nous touche, elle nous avoue qu’elle nous voit partir avec regret… De notre côté, nous avons l’habitude de poursuivre notre route, mais nous assurons notre amie que notre pause sur Chiloé nous aura comblé tous les 4, ayant l’agréable sensation d’être « chez nous ».