Lundi 9 Août – Pas de grâce matinée pour les 39 ans de Frédo, aujourd’hui levé tôt, nous prenons la route pour TORTUGUERO, un petit village coincé entre la mer et les marais, accessible seulement en pirogue. Nous nous régalons déjà de rejoindre cette endroit isolé, mythique : le lieu de ponte choisi il y a des milliers d’année par les tortues.
Il faut croire que l’endroit se mérite vu la difficulté que nous avons eu à l’atteinre!!! La route cahoteuse et les camions nous mettront en retard et nous feront perdre nos acolytes. Comme c’est Elise et Mike qui ont organisé cette étape, on a pas le lieux de départ du bateau, les nouveaux talkies ne se montrent pas la hauteur, et les « Mike, Elise vous m’entendez? » ne résonnent que dans notre voiture et sur les ondes des locaux qui nous répondent…on ne sait pas trop quoi! On s’aide du Lonely Planet pour déterminer le lieux de départ des pirogues, on se guide difficilement avec notre carte sommaire qui n’indique qu’une vingtaine de grandes villes du pays, on compte sur notre bon sens plus que sur les indications des passants qui à 4 reprises dans la même rue nous indiqueront 4 directions différentes, mais toujours avec le sourire et, à priori, la meilleure intention du monde, sympas mais ça nous aide pas!!! De leur côté, nos amis savent un peu mieux où ils vont, mais n’en sont pas moins dans l’embarras : pendant qu’ils répètent une litanie similaire à la nôtre dans leur talkie, ils essaient de se mettre d’accord sur la meilleure stratégie à adopter : nous chercher dans la petite ville où nous avons perdu contact ou avancer et se rejoindre au lieu d’embarquement comptant sur notre bon sens et notre expérience de « l’aventure » pour les retrouver! Ils optent raisonnablement pour la 2ème solution et ont bien raison : nous les retrouvons là bas après plus d’une heure et demie de route, de petits chemins perdus dans la pampa et de combien de demi-tours!?! Nous arrivons sur un grand terrain nu, mal indiqué par une pancarte usée, isolé, avec pour seul bâtiment 2 hangars à voitures et une bâtisse ouverte faisant office de bar, restaurant et salle d’attente pour les départs et arrivées. C’est là que nous sommes heureux de voir nos amis, attablés, affamés, car si on n’avait pas la destination en revanche on avaient les sandwichs… nos amis sont bien heureux de nous voir, ils étaient en plein débat sur « quoi faire? » : Elise pensant raisonnablement qu’ils faillaient continuer pour se retrouver plus facilement dans l’isolement de Tortuguero, Mike voulant nous attendre, considérant qu’on devait être solidaire dans les galères comme dans les bons moments… Une pensée qui nous touche!
Enfin, une péripétie de plus qui se fini bien! Sûr, à tous juste 39 ans, Frédo ne peut pas dire qu’il a une vie ennuyeuse.
Nous embarquerons un peu plus tard, ici, pas de quai, les pirogues s’échouent à même la terre, débarquent leurs passagers et embarquent leurs nouveaux arrivants! Nous nous entassons, une bonne 20aine de personnes et bien autant de bagages sur la fine embarcation à moteur, le rebord de notre bateau n’est qu’à quelques centimètres de l’eau, on apprend qu’il y a des croco… Trop tard pour descendre, à peine installés qu’on s’enfonce déjà sur l’étroit canal dans la forêt tropical touffue… Sûr que le voyage jusqu’à Tortuguero ne manquera pas d’émotion!
L’appréhension passe vite cependant, le nez au vent, serpentant au milieu des arbres, des lianes, des mangroves, évitant les branches, les bancs de sable et les troncs dérivant, nous plongeons dans l’aventure, observant sur la berge toute proche quelques oiseaux inconnus, un crocodile assoupi et un basilic furtif, notre heure sur l’eau passera vite! Une banderole accrochée au dessus du canal nous annonce que nous sommes arrivés! Quelques pontons, quelques baraques sommaires apparaissent sur les rives, puis un ensemble de maisons en bois coloré, on s’arrête pour déposer quelques colis, prendre une personne et repartons la déposer un peu plus loin, nous observons, témoins de l’organisation bien rodée de ses gens isolés. Nous arriverons quelques minutes plus tard sur un long pontons de fortune, où les embarcations s’allignent les unes après les autres. On descend, le coeur du village devant nous, un village du bout du monde, avec sûrement autant d’habitants que de touristes qui défilent. Nous repérons notre hôtel sur le plan peint au centre de la place de terre battue, en quelques minutes de marche nous arrivons. On savait que ce ne serait pas le grand luxe, propre et confortable au mieux, heu, y a sûrement pire, mais mieux aussi!!! Aller, nos critères de qualité et nos exigences ont bien évolués depuis le début de ce voyage, les matelats ne sont pas trop vieux, les draps propres, le ménage a été fait (pour la terre qui coule des fenêtres, là y a rien faire avec un balai…) et il y a des moustiquaires sur les 3 lits dans lesquelles ont va pouvoir s’envelopper, pas plus pour se protéger des moustiques que des cafards rencontrés dans la salle de bain :) Votre journaliste progresse sur la voie du self contrôle!
Pour fêter l’anniversaire de Frédo, nous dinons à l’hôtel : pas de grand luxe donc! Plus de vin, on devra se contenter de bière et de coca pour arroser ses 39 ans, le repas est local et moyen, mais « le vieux » s’en fiche, il est au bout du monde, loin mais bien entouré. Il a reçu de nombreux messages de France, il a autour de son poignet les bracelets symboliques confectionnés par sa femme et ses enfants, ses amis lui font la surprise de lui offrir le hamac qu’il voulait : à 39 ans, Fredo est loin de se sentir vieux, plutôt heureux!

Mardi 10 Août – Les garçons se lèvent tôt pour visiter le Parc National de Tortuguero : 4 heures de marche sur un étroit sentier au milieu de la forêt dense, peu d’animaux mais beaucoup d’insectes et quelques serpents, 2 litres de sueurs au moins et de très belles photos. Pendant ce temps, mer au programme des filles et des enfants. À quelques pas de notre hôtel, une plage de sable noir s’étend à perte de vue, bordée par la forêt équatoriale et par la chaude mer caraïbe. Les vagues et courants sont puisants, on n’autorise les enfants à se baigner que sur le bord, Elise portant Faustine, je joues les gardes fous pour Lucas, Rachel et Ninon qui s’éclatent dans les rouleaux… Quelques jeunes hommes du coin viennent faire les coquets autour de nous, à grand renfort de sauts dans les vagues…puis vont vite tenter leur chance plus loin, devant notre « farouche » indifférence! Nous nous retrouvons tous pour déjeuner, tardivement, à notre hôtel, puis passons la fin de la journée entre les chambres, terrasse et séjour de notre hôtel et les petites rues animées de notre village.
En début de soirée, alors que le soleil rejoint à peine l’horizon, nous allons rencontrer Jorge, un rasta du coin, bien sympathique, notre guide pour une soirée dédiée aux tortues. Nous passerons 2 heures dans le parc, avançant d’abord dans la nuit noire à travers la forêt, cachés de la lumière de la lune et des étoiles par les larges feuilles des arbres, puis, Jorge nous guidera jusqu’à la plage, et là, dans la pénombre de la nuit, nous arriverons prés d’une tortue de mer, gigantesque, en pleine ponte, à moitié cachée dans le trou qu’elle vient courageusement de creuser pour déposer ses œufs. Un moment magique, tellement rare, exceptionnel. Dans un silence presque religieux, nous observons, grâce à la lampe discrète de Jorge, les œufs tomber, lentement, les uns après les autres… Nous nous éloignons un peu, laissant la tortue à ses efforts alors que notre guide nous raconte son histoire et l’importance de ne pas troubler son rituel. Les petites tortues qui naîtront, iront d’instinct vers la mer, où elles tenteront, tant bien que mal, de survivre à tous leurs prédateurs. Il faudra qu’elles atteignent l’âge de 25 ans avant de pouvoir procréer, alors, la femelle se souviendra de la route à suivre, et reviendra pondre ses œufs à Tortuguero. Chaque tortue peut pondre plusieurs fois par saison, entre 70 et 100 œufs, puis elle ne reviendra pas avant 3 ou 4 ans, pour le même rituel, remonter lentement la plage, creuser un trou, s’installer et pondre ses œufs, les recouvrir, les cacher, puis s’en retourner à la mer. Une histoire qui attriste les enfants, désolés que les Papas et les Mamans ne restent pas avec leurs enfants, qu’ils les laissent seuls pour survivre, et ils sont d’autant plus chagrinés en apprenant qu’en moyenne, une seule tortue sur toute une ponte arrivera à maturité, les autres étant pour la plupart décimées dans la première année, avant même l’éclosion des œufs, les prédateurs sur terre comme en mer ne manquant pas pour un oeuf ou un bébé tortue… du coup, pour nos enfants, l’excursion aura un goût amer. Pour les grands, préférant penser au survivant, c’est l’histoire de la vie. Malgré cette note triste, la soirée est magique pour tous, nous observerons longuement notre tortue, pondant, cachant ses œufs, puis, plus loin, une autre repart, alors qu’une autre arrive…le balai durera toute la nuit…
Nous rentrons, dans le nuit sombre, observant les serpents et insectes que nous montre en connaisseur notre guide. Puis nous rentrons coucher les enfants, soigner Rachel qui commence à être malade, puis nous nous retrouvons tous les quatre, Mike, Elise et les Freds, grignotant des fruits et refaisant le monde…on est bien!

Mercredi 11 Août – C’est au tour des filles de partir en balade dans le Parc de jour. Entre marche et discussion sous la pluie, dans la végétation dense de la forêt équatoriale de Tortuguero et sa plage de sable noir, nous passons un agréable moment entre filles. Les garçons de leur côté ne sont pas en reste, affectés au baby-sitting d’enfants qui se gardent seuls, ils avancent sur l’organisation de la suite du voyage en Amérique Latine, ensemble… Quand on aime….
L’après-midi sera dédié à la détente, avec une pizzeria pour déjeuner et un diner décevant dans le grand restaurant du coin : Miss Jennies.

Jeudi 12 Août – Départ à 11h de ce petit bout de Terre, ce bout du monde, perdu entre terre et mer caraïbe. Nous reprenons une pirogue, le sympathique Eduardo au commande, pour notre trajet sur les canaux serpentant dans l’épaisse forêt. Puis, les chemins défoncés, le retour à la civilisation pour un déjeuner dans une petite ville, et la route jusqu’à San José, que nous atteindrons en fin d’AM. Grande déception en arrivant à notre chambre, sale et quelques bébêtes en prime…c’est trop pour moi, j’ai du mal à contenir mon malaise. Après un diner « correct » dans un fastfood du coin, la nuit sera des plus mauvaises… La plus mauvaise…après une sorte de gros scarabée d’une 10aine de cm qui sort de sous le lit des enfants, que l’on transférera dans notre chambre du coup (les enfants hein, pas la bête), puis une blatte qui est tombée sur la tête de Frédo…je n’aurais qu’une hâte : que le matin se lève pour partir!
La ville ne nous aura pas offert son meilleur visage aujourd’hui, entres ses bidonvilles, ses rues polluées, ses bâtiments grillagés et notre chambre minable, j’ai hâte de changer d’air là!

Vendredi 13 Août – Une journée banale de transfert d’un pays à l’autre! D’abord un levé tôt, après une nuit inexistante, puis remise de 4×4 sans soucis, arrivée à l’aéroport en avance, ha, oups, problème d’enregistrement, on ne retrouve pas mon billet, pas plus que ceux de Mike, Ninon et Faustine… (Elise se propose de partir avec Frédo et les enfants, non mais!!!)…aucun commentaire sur certaines incompétences, trop fatiguée, enfin tout s’arrange, mais maintenant on est en retard, on s’enfile un burger à la va-vite, puis embarquons pour 4h de vol. Atterrissage. Douane. Récupération des bagages. Ré-enregistrement (sans problème cette fois). Douane. Ré-burger frites. Décollage minuit (non, on a pas pu faire autrement, sinon on l’aurait fait!!!). 6 heures de vol. Atterrissage 4h heure locale… Bonjour le Pérou… Quelle vie!