Les sacs sont prêts, un bon petit dèj’ et nous montons dans notre minibus pour notre prochaine destination : KAMPOT. Nous y retrouverons nos amis qui sont dans le même Guest House que nous : LES MANGUIERS.
La route est très agréable : sur des musiques des « sixties » nous découvrons encore un peu plus les paysages cambodgiens : très vert, les arbres que nous connaissons chez nous se mêlent aux arbres exotiques, les cabanes sur pilotis laissent place à des maisonnettes en bois, parfois en briques puis quelques rares maisons imposantes font leur apparition. Rivières, palmiers, collines au loin, fermes, buffles, bœufs… et puis des motos surchargées, des voitures bondées jusque sur le toit… personnes, bagages et marchandises se mélangent… c’est fascinant!
3h de van et 20mn de tuktuk après, nous arrivons enfin à destination.
A peine le temps d’apprécier la charme des lieux, que nous abordons notre première mésaventure : Lucas se blesse au pied.
Il arrive tout d’abord en pleurant, le pied plein de sang : il s’est entaillé le pied en courant sans chaussures dans l’herbe (arrêtes de poisson, oui, gros poisson!) Très rapidement nous nous rendons compte que l’entaille qu’il a au niveau des articulations des orteils est profonde. Mike nous dira plus tard qu’il nous a trouvé plein de sang froid, pourtant la peur était bien là : peur que les tendons soient sectionnés, peur des soins dont il allait pouvoir bénéficier dans un endroit aussi reculé… moi je me suis évertuée à calmer mon fils, pendant que Mike nous amenait sa trousse d’urgence et que Frédo voyait avec nos hôtes pour un médecin ou un hôpital.
Notre chance : Valérie, un médecin en vacances aux Manguiers. Elle a pu apporter les premiers soins à Lucas, désinfecter et commencer à nettoyer la plaie. Elle nous annonce qu’il faut suturer et que des impuretés sont logées profondément. Elle ne pense pas que les ligaments soient touchés, mais elle n’a pas le matériel pour mieux soigner notre petit garçon. En quelques minutes nous nous retrouvons dans un pick up qui a bien vécu, aimablement prêté par nos hôtes, Frédo au volant, Lucas sur mes genoux, nous filons sur le chemin défoncé qui nous amène à la ville. Dans les mains, un plan sommaire nous indiquent 2 médecins « sûrs » (car l’hôpital est fermé le dimanche). Nous nous perdons dans les rues étroites de Kampot, Lucas est effrayé plus qu’il n’a mal, il sert les dents : galère sous la chaleur!
Enfin, nous trouvons le cabinet d’un des médecins indiqués. Sommes pris en charge par 2 jeunes hommes, qui se révéleront être les fils du médecin. Ils ne l’appelleront qu’après avoir vu la blessure (en attendant, nous les avons pris pour des apprentis chirurgiens, pas rassurant!). Notre fils déposé sur une sommaire table de bois recouverte d’une toile cirée, à côté : une tablette sur laquelle repose des petits bacs de métal avec des instruments dedans… ça devrait pas être dans des sachets stériles??? Là, il faut s’accrocher à notre esprit d’aventurier, il faut faire confiance à cet homme qui arrive et qui s’affaire rapidement auprès de Lucas. Il nous parle peu, l’un de ses fils nous donne quelques indications, on ne comprend pas tout, mais le médecin au fur et à mesure des soins montre à Frédo ce qu’il fait, pendant que je calme et rassure Lucas. Une herbe enlevée, un morceau de terre… une piqure pour anesthésier localement… enfin on pense. Faire confiance. Les ustensiles sont-ils nettoyés, désinfectés… je note du coin de l’œil que l’aiguille pour la suture sort d’un sachet stérile, c’est déjà ça… Lucas gémit : « mais pourquoi ça m’arrive à moi? Mais c’est pas possible!!! »… Frédo m’annonce qu’il faut qu’il sorte… je prend le relai auprès du chirurgien et de son fils tout en consolant Lucas….il me montre l’entaille du 2ème doigt de pied… oui, elle est propre… oui, ok pour les points…. je hoche la tête… je ne sais même pas pourquoi il me montre… il recoud… il a l’air d’être sûr de lui… Frédo est revenu… à mon tour je vais m’allonger sur le carrelage du couloir les pieds en l’air… bah oui… URGENCE et DR HOUSE, ça ne prépare pas à tout! Inspirer, expirer…De retour en « Salle d’op’ », j’ai le droit à un sourire compatissant des 2 frères.
10 mn plus tard et 5 point de suture après, Lucas pause pour une photo avec son sauveur… Bah oui, on pense au blog!!!
20$ pour 5 points, les soins, un flacon de bétadine et des compresses… et chez nous on cherche toujours le moyen de combler le « trou de la sécu »!
Nous rentrons enfin aux Manguiers vers 13h, bien fatigués par nos émotions et affamés. Nous retrouvons nos amis et notre petite fille pour un bon déjeuner.
L’après midi sera sous le signe du farniente et la soirée très courte, le Dodo très rapide.
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